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16/02/2006

Comment envoyer un courrier en 6 leçons (dans la série la bureaucratie à la Bibliotheca)

1/ En haut à gauche de la lettre, ajouter un « chrono number », c’est un code subtil qui s’obtient … tout à fait « aisément »…. en trouvant le bon code correspondant au sujet de la lettre, et en ajoutant un numéro obtenu par numérotation chronologique de tous les courriers envoyés par l’unité dans le mois en cours. (Hum, vous suivez ?)
2/ Imprimer l’adresse sur une étiquette autocollante, en visant bien sur ce !!!! putain de papier à étiquettes autocollantes, que t’arrives jamais à bien viser du premier coup et que t’es obligé de courir pour venir lancer ton impression après avoir mis le papier, avant que quelqu’un d’autre ait saccagé ton beau papier à étiquettes.
3/ Remplir le formulaire « request for special courrier », disponible sur l’intranet, avec nom, adresse, type de contenu, signature et tutti quanti.
4/ Photocopier la lettre et autres contenus de l’envoi en 2 exemplaires impérativement, à joindre au formulaire request for special courier.
5/ Coller sa belle étiquette sur son enveloppe estampillé Bibliotheca, glisser son courrier à l’intérieur sans fermer l’enveloppe, et joindre accroché avec un adorable petit trombone les photocopies et le formulaire, sans oublier de noter le nom de son unité en bas à gauche de l’enveloppe.
6/ C’est bon ! Vous pouvez enfin aller au service du Mailing & Registry au 2ème étage, qui vont vérifier scrupuleusement si vous avez bien fait tout comme il faut !!

Bref, j’en peux plus de faire des courriers.

09/02/2006

Le souk des femmes

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medium_alex_fevrier_005.jpg Vendredi dernier, on est allées au souk des FEMMES. « Zan‘et es-sittat » en arabe, littéralement « ruelle bondée des femmes ». Et quand on dit femmes, attention, c’est la femme jusquau bout des ongles et avec tous ses attributs féminins et ses accessoires de beauté : foulards, maquillage, bijoux, sacs, etc., répartis par allées. Mais le plus impressionnant reste… les sous-vêtements, les nuisettes, et autres costumes de danse du ventre. Le tout dans les couleurs les plus criardes, les dentelles les plus kitch et une vision du sexy très « olé-olé ». A flâner dans ses échoppes et observer la clientèle féminine de tout type qui s’y bouscule, cela me conduit à m’interroger sérieusement sur ce que porte les fantômes noirs sous leur voilage intégral !! Chaymaa m’a avoué que trois de ses amies qui se sont mariées, ont acheté l’un de ces costumes de danse du ventre pour faire des danses nuptiales à leurs heureux époux. Humm, c’était donc ça !

01/02/2006

Chaymaa

Depuis qu’elle est arrivée le 1er décembre dernier à la Bibliotheca, Chaymaa est mon atout numéro 1 dans le monde impitoyable de la Bibliotheca. C’est peut-être parce qu’elle est nouvelle, mais aussi sûrement son tempérament. Le fait est qu’elle n’a pas eu la retenue habituelle dont a fait preuve le personnel avec moi au début et qui rend le fonctionnement interne de cette grande machine si opaque et mystérieux. Enfin, j’ai pu mettre des certitudes sur toutes ces choses que je pressentais mais dont je n’avais aucune preuve : que la bande de mecs bavards autour de moi dans les bureaux blablatent de bien d’autres choses que de boulot ; que Hassan, mon voisin d’en face est bien un vicieux qui parle au téléphone avec des filles (après 16h30 quand les locaux se sont un peu vidés) alors qu’il a femme et enfants ; que ceux qui lisent ouvertement le journal et font des réussites sur l’ordi sont en fait les « office boys »*... Chaymaa et moi, c’est le début d’une coalition féminine contre eux et ça fait bien plaisir d’être soutenue pour les supporter et médire contre eux ! Mais Chaymaa c’est aussi plein d’autres bonnes choses, par exemple, la fin des pauses déjeuner solitaires au Hilton en face d’un sandwich déprimant, ou encore une compagne pour pouvoir papoter à mon tour pendant le boulot !

* Les office boys sont des employés chargés de rendre les services du genre : faire les photocopies, amener des documents à un autre département, etc., mais comme ils sont trop nombreux (un par secrétaire), ils en deviennent très inutiles, et toujours dans nos pattes.

18/01/2006

Entre filles

Je suis impressionnée par le degré d’intimité que j’ai atteint aujourd’hui avec des Egyptiennes, enfin bien sûr, pas n’importe lesquelles, avec mes deux petites collègues préférées. Aujourd’hui, on rigolait entre filles pendant une pause plus frivole que d’habitude, sans doute pour profiter de ce dernier jour d’absence du boss, et elles se sont charriées entre elles à propos des mecs ! Et cela sans aucune réserve ou pudeur « « musulmane » » (avec des doubles guillemets, car ce n’est pas vraiment une histoire de religion mais plutôt de société conservatrice et patriarcale), mais de façon directe au contraire, en faisant même allusion au voile que porte l’une et pas l’autre… Cela m’a quand même surpris d’entendre la question « do you sleep with him ? » dans la bouche de Radwa la voilée même si la réponse fut négative et si c’était bientôt corrigée par une inquiétude : tous les gens autour de nous comprennent aussi l’anglais ! La seule langue commune à nous trois tant que mon arabe et le français de Radwa n’auront pas fait de progrès fulgurants. Tout cela est parti d’un souci de Chaymaa : que j’aie l’occasion d’aller à un mariage égyptien avant de partir ! Elle a promis en rigolant de faire du mieux qu’elle pourra pour se marier avant que je parte. Si c’est pas une preuve d’amitié ça ! Il faut que je réserve prochainement une note spéciale à Chaymaa car depuis son arrivée, elle a changé ma vie à la Bibliotheca. Tout cela me rappelle quelques lignes que j’ai lues dans le Lonely Planet : « Lier connaissance avec une Egyptienne vous en apprendra beaucoup sur la vie locale, et vous permettra de vous faire guider par une personne entièrement sûre. Toutefois, ce type de rencontre reste rare – saisissez donc la moindre occasion de contact. »

14/01/2006

The ID

Ca y est j’ai mon badge !! ou my « ID » comme on dit ici, badge magnétisé et « haute technologie » avec photo de l’intéressée, logo de la Bibliotheca, et tous ses gadgets, comme le cordon intégré pour le traîner partout avec soi. Je suis comme une gosse avec, toute fière de sa nouvelle carte de grande. Et puis, je vais enfin pouvoir découvrir toutes les ressources de cette grande institution ! A moi, la salle de lecture ! A moi les expositions, le musée des Antiquités, le musée des Manuscrits ! A moi le planétarium, le Culturama ! Car oui, cela fait plus de deux mois que je travaille à la Bibliotheca et je ne connais pas vraiment sa partie publique et toutes ses attractions pour visiteurs. Les rares fois où je me suis introduite dans la salle de lecture ou que j’ai traversé le musée des Antiquités, c’était toujours en clandestine, toute stagiaire étrangère sans ID que j’étais. En même temps, cela va un peu me manquer cette vie de clandestine, car petit à petit on prend goût à ce petit jeu de piste : comment se faire ouvrir tous les matins par la sécurité à l’entrée, comment prendre un air sûr de soi et inflexible en disant « staff » quand un gardien se met en tête d’entraver notre chemin, comment ne pas se trouver coincée dans la salle de lecture par des portes verrouillées magnétiquement (une seule porte d’un étage précis n’est pas verrouillée, enseignement précieux hérité de ma prédécesseure, mais qui est, soit dit en passant, une faille béante dans leur souci maladif de la sécurité)… Bref, ça pimentait un peu mes allées et venues dans ce grand labyrinthe, mais qu'importe, maintenant I’ve got the power of the ID et j’ai hâte d’en faire usage…

07/01/2006

Malek

Autant je suis exaspérée par la filouterie de certains Egyptiens, roublards quand il s’agit d’arnaquer les touristes ou carrément vicieux avec les étrangères, autant je suis toujours surprise par l’extraordinaire amabilité, sans aucune arrière-pensée, d’une très grande partie d’entre eux. Deux attentions dans la même journée ont suffi pour m’en convaincre. Peu après mon retour des vacances de Noël, un « collègue » m’accoste devant l’ascenseur, en me disant que ça lui fait plaisir de me voir, que je leur ai manqué… J’en reste bouche bée car sa tête ne me dit rien et même si l’on travaille au même étage, je suis à peu près certaine de ne jamais lui avoir adressé la parole. Puis il enchaîne sur sa fatigue, c’est que sa femme dit-il, a accouché la nuit il y a deux jours. Je le félicite et m’enquiert du sexe et du prénom de l’heureux événement. C’est un garçon nommé Malek. Bienvenue Malek. Et le nom de l’heureux papa au fait ? Histoire de ne plus ignorer ces inconnus à qui je manque sans le savoir… Trop tard, il est déjà descendu de l’ascenseur. Le soir, chez le marchand de légumes, l’adolescent qui sert ce soir-là m’offre un citron car mes yeux rougis lui ont mis dans l’idée que j’avais un rhume. En réalité, il ignore que ce n’est qu’une journée d’ordinateur, mais il est si appliqué à m’expliquer comment je devrai le couper et profiter des bienfaits de son jus et de sa pulpe que je n’ose le contrarier. En plus, il y met si bien les gestes que je comprends tout, je n’ai plus qu’à le remercier chaudement et à suivre ses recommandations expertes pour ingurgiter une bonne dose de vitamine C.