Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/11/2007

French Iftar

53c15392e3f67186c42654445a767af2.jpg

Le mois de Ramadan est plus que tout autre celui de l’hospitalité et des sociabilités pendant lequel on partage plus volontiers ce repas très particulier qu’est la rupture du jeûne. Les premiers jours sont plutôt consacrés à la famille tandis que par la suite, les invitations dans le cercle d’amis et de connaissances se multiplient. De même, les écoles, universités, entreprises, et clubs divers y vont tous de leur Iftar annuel de Ramadan. Pour la deuxième année consécutive, je me suis risquée à mon tour à inviter mes collègues et amis musulmans de la Bibliotheca à un « French Iftar », concept déjà éprouvé l’année précédente, non sans difficultés… Sur le papier, le concept est plutôt porteur mais au moment de s’asseoir vraiment autour de la table, tout se complique. Force est de constater qu’il est difficile d’emporter l’adhésion des convives peu enclins à s’ouvrir à de nouvelles saveurs et à des habitudes alimentaires différentes. Pourtant cette année, j’ai tenté tant que possible de m’adapter aux coutumes locales. D’abord, je n’ai pas essayé de suivre notre ordre consacré « apéritif – entrée – plat – dessert » comme l’année dernière insistant sur le fait qu’on allait manger « à la française », car j’avais dû capituler devant des convives récalcitrantes, se servant du plat principal tout en regrignotant des apéritifs ou de l’entrée avec la viande, et ce malgré mes protestations…. Donc cette fois, point d’ordre contraignant (qui plus est qui s’accorde mal avec une rupture de jeûne qui pousse à se remplir de tout le plus vite possible), mais plutôt l’opulence des grandes tables orientales remplies de tous les mets salés présentés en même temps pour une partie de goinffrage désordonnée mais jouissive. De plus, point d’excentricité culinaire comme l’année dernière avec ces choses aussi inconnues et étranges que le confit de canard (le canard est très peu consommé en Egypte et encore moins sous cette forme) ou une terrine de brocolis, sûrement bien trop verte pour être comestible ! Non, seulement des produits locaux, méditerranéens, couramment utilisés en Egypte, mais tout de même cuisinés avec une french & italian touch pour l’occasion. Malgré cet effort d’adaptation, je dois reconnaître que je n’ai eu qu’un succès mitigé, devant essuyer des regards interrogateurs sur les mets et des questions méfiantes « c’est quoi ça ? », écartées par mon systématique « goûte d’abord ! ». Quant à la soupe de courgettes, à une exception près, la conclusion s’est imposée qu’elle n’était pas dans le « goût égyptien », pour lequel une soupe est forcément de lentilles ou de tomates ou de « mushrooms » (et puis elle doit être trop verte elle aussi). J’en suis venue à m’interroger moi-même sur la qualité de mes préparations… Mais j’ai été vite rassérénée le lendemain, les restes délaissés par mes convives égyptiens ont été littéralement dévorés par de gourmandes amies françaises qui elles ne tarissaient pas d’éloges…Enfin tout devenait plus facile et naturel et la méfiance de la veille se commuait en la simplicité d’un évident plaisir gustatif. Pas de doute, le « French Iftar » fonctionne beaucoup mieux sur un public … français. Fichtre, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans le dialogue des cultures culinaire.


Menu « French Iftar » 2007

- velouté de courgettes
- caviar de poivrons rouges & grisinis
- cake aux tomates et à la mozzarella
- salades de crudités aux herbes
- gratin d’aubergines à la tomate et au parmesan à la façon de ma grand-mère sicilienne
- pâtes torsades aux crevettes, tomates séchées et sauce rouille
- rougets et pommes de terres frites à la tapenade d’olives noires

Et en dessert :

- mes rochers cocos
- plus toutes les douceurs amenées par les invités (kahk de la mère d’Ismail, pâtisseries orientales etc., etc.)
- Ah oui j’oubliais, même le délicat thé « Mariage Frères » a été dénigré au profit d’un vulgaire thé en poudre à l’égyptienne (kouchari) ou de l’incontournable Nescafé. Bon tant pis, j’en garderai plus pour moi, ils ne savent pas ce qu’ils ratent :).