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09/02/2008

Fonds de tiroirs

Ayant eu peu de temps et de production dernièrement, je ressors du fond des tiroirs des notes écrites il y a longtemps et jamais postées... Parmi elles ce piéton ou la vie, écrit peu de temps après l'arrivée en Egypte où la première expérience de la circulation peut y être traumatisante!

14/11/2007

French Iftar

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Le mois de Ramadan est plus que tout autre celui de l’hospitalité et des sociabilités pendant lequel on partage plus volontiers ce repas très particulier qu’est la rupture du jeûne. Les premiers jours sont plutôt consacrés à la famille tandis que par la suite, les invitations dans le cercle d’amis et de connaissances se multiplient. De même, les écoles, universités, entreprises, et clubs divers y vont tous de leur Iftar annuel de Ramadan. Pour la deuxième année consécutive, je me suis risquée à mon tour à inviter mes collègues et amis musulmans de la Bibliotheca à un « French Iftar », concept déjà éprouvé l’année précédente, non sans difficultés… Sur le papier, le concept est plutôt porteur mais au moment de s’asseoir vraiment autour de la table, tout se complique. Force est de constater qu’il est difficile d’emporter l’adhésion des convives peu enclins à s’ouvrir à de nouvelles saveurs et à des habitudes alimentaires différentes. Pourtant cette année, j’ai tenté tant que possible de m’adapter aux coutumes locales. D’abord, je n’ai pas essayé de suivre notre ordre consacré « apéritif – entrée – plat – dessert » comme l’année dernière insistant sur le fait qu’on allait manger « à la française », car j’avais dû capituler devant des convives récalcitrantes, se servant du plat principal tout en regrignotant des apéritifs ou de l’entrée avec la viande, et ce malgré mes protestations…. Donc cette fois, point d’ordre contraignant (qui plus est qui s’accorde mal avec une rupture de jeûne qui pousse à se remplir de tout le plus vite possible), mais plutôt l’opulence des grandes tables orientales remplies de tous les mets salés présentés en même temps pour une partie de goinffrage désordonnée mais jouissive. De plus, point d’excentricité culinaire comme l’année dernière avec ces choses aussi inconnues et étranges que le confit de canard (le canard est très peu consommé en Egypte et encore moins sous cette forme) ou une terrine de brocolis, sûrement bien trop verte pour être comestible ! Non, seulement des produits locaux, méditerranéens, couramment utilisés en Egypte, mais tout de même cuisinés avec une french & italian touch pour l’occasion. Malgré cet effort d’adaptation, je dois reconnaître que je n’ai eu qu’un succès mitigé, devant essuyer des regards interrogateurs sur les mets et des questions méfiantes « c’est quoi ça ? », écartées par mon systématique « goûte d’abord ! ». Quant à la soupe de courgettes, à une exception près, la conclusion s’est imposée qu’elle n’était pas dans le « goût égyptien », pour lequel une soupe est forcément de lentilles ou de tomates ou de « mushrooms » (et puis elle doit être trop verte elle aussi). J’en suis venue à m’interroger moi-même sur la qualité de mes préparations… Mais j’ai été vite rassérénée le lendemain, les restes délaissés par mes convives égyptiens ont été littéralement dévorés par de gourmandes amies françaises qui elles ne tarissaient pas d’éloges…Enfin tout devenait plus facile et naturel et la méfiance de la veille se commuait en la simplicité d’un évident plaisir gustatif. Pas de doute, le « French Iftar » fonctionne beaucoup mieux sur un public … français. Fichtre, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans le dialogue des cultures culinaire.


Menu « French Iftar » 2007

- velouté de courgettes
- caviar de poivrons rouges & grisinis
- cake aux tomates et à la mozzarella
- salades de crudités aux herbes
- gratin d’aubergines à la tomate et au parmesan à la façon de ma grand-mère sicilienne
- pâtes torsades aux crevettes, tomates séchées et sauce rouille
- rougets et pommes de terres frites à la tapenade d’olives noires

Et en dessert :

- mes rochers cocos
- plus toutes les douceurs amenées par les invités (kahk de la mère d’Ismail, pâtisseries orientales etc., etc.)
- Ah oui j’oubliais, même le délicat thé « Mariage Frères » a été dénigré au profit d’un vulgaire thé en poudre à l’égyptienne (kouchari) ou de l’incontournable Nescafé. Bon tant pis, j’en garderai plus pour moi, ils ne savent pas ce qu’ils ratent :).

12/10/2007

Post-scriptum

Récemment un ami égyptien m’a fourni une explication à l’afflux impressionnant de prieurs dans ma rue les soirs et les nuits du mois de Ramadan (jusqu’à 10000 personnes cette année paraît-il). Je savais déjà que le cheikh Hatem était populaire pour la beauté de sa voix mais les gens viennent aussi ici car ils y trouvent un son proche du « son de la Mecque », qui est imité par une savante installation de sonorisation assortie de haut-parleurs tous les 10m dans la rue. J’ai ressenti ce qu’il voulait dire par « son de la Mecque » qui paraît venir directement du ciel quand je me suis retrouvée un soir dans ma chambre silencieuse et que la voix de cheikh Hatem, à la fois douce et puissante a retentie et a emplie de son écho toute l’atmosphère. Les gens viennent pour ce « show » qui les transporte en terre sainte le temps d’une prière… Comme toujours le sacré ne tient pas à grand-chose….

15/09/2007

« Ramadan Karim ! » « Allahou Akram! »* (II)

Ca y est c’est reparti pour un tour de jeûne annuel et de fête de la consommation nocturne ! Cela a ses petits inconvénients, comme éviter de boire, manger et fumer en public et quelques difficultés pour trouver où manger le midi (encore que…) mais ce n’est pas bien important, moi j’aime. Il flotte en effet une atmosphère spéciale, à la fois de fête et de ferveur. Les rues, magasins, maisons, mosquées se sont parés de guirlandes lumineuses, de fawanisse (lampe traditionnelle de Ramadan). Bref, c’est comme un Noël oriental en plein été ! La boulangerie de la rue s’offre comme chaque année un stand en extérieur avec des pains briochés de toutes les formes et de petites crêpes fourrées aux fruits secs qui rissolent dans une marmite. Les horaires de travail sont réduits et les Egyptiens veillent jusqu’au dernier repas tard dans la nuit. Et puis il y a cette expérience assez irréelle de marcher dans les rues désertes au moment de l’iftar, la rupture du jeûne. Quand on rêve au balcon à ce moment précis, la vie semble s’être arrêtée, la ville est devenue étrangement silencieuse, sauf quelques bruits d’assiettes se font entendre des appartements voisins… Le seul réel inconvénient du Ramadan c’est la prière collective la plus populaire de toute la ville, à la Mosquée Ibrahim toute proche et qui envahit la rue pour deux heures tous les soirs (cf. la note « Souvenir du Ramadan » 15/11/2006 ). En début de Ramadan, il y a déjà énormément de monde mais cela ne fait que s’accroître au fur et à mesure qu’on avance dans le mois, jusqu’à atteindre son paroxysme pour la Nuit du Destin. Afin de réaliser l’ampleur du phénomène, j’ajoute quelques photos du Ramadan de l’année dernière (sans l’aimable autorisation de son auteur Guirémi mais j’espère qu’il ne m’en voudra pas ;). Encore plus impressionnant quand on se retrouve au milieu…

Par ici les photos

* Littéralement « Ramadan Généreux ! » « Encore plus généreux à toi ! »

19/07/2007

Alexandries d'été

De 23h à 1h du matin retentit une musique folklorique, tous les soirs les mêmes refrains à fond, qui emplissent tous les immeubles des alentours… Pas moyen d’y échapper, le théâtre est situé juste de l’autre côté de la rue, et durant le spectacle quotidien je n’ai d’autre choix que de subir sa musique. Inutile de lutter et de tenter de la couvrir par ma propre musique, je ne gagnerai pas, le volume est trop fort, et la température impose de laisser les fenêtres ouvertes pour ne pas étouffer dans la chaleur intérieure accumulée dans la journée et faire quelque peu entrer la fraîcheur du soir.
Pas de doute, c’est l’été alexandrin et ses théâtres en plein air de la corniche qui ont rouvert comme chaque année pour amuser les soirées de l’estivant cairote. Ce dernier vient passer ses quelques semaines de congé payé au bord de la mer et profiter de la légendaire brise alexandrine qui fait que les étés et surtout les soirs d’été y sont beaucoup moins étouffants que dans la vallée du Nil, malgré la chaleur humide qui pèse tout de même sur la ville la journée.

Toutes les stations balnéaires, c’est bien connu, se transforment pendant l’été, doublant de population et se dédiant alors entièrement à cette activité touristique. Mais Alexandrie n’est pas une station balnéaire, c’est une mégapole d’environ quatre millions d’habitants (encore qu’on ne sait pas trop les compter…), la deuxième ville d’Egypte. Or elle a la particularité de s’étendre sur 20 kilomètres de côte méditerranéenne, 20 kilomètres de plage en pleine ville à proximité des hôtels et appartements loués saisonnièrement.
Alors pendant cette période, le centre-ville et les rues commerçantes se remplissent d’une foule bruyante et colorée toute la soirée et une bonne partie de la nuit, car en vacances, les Egyptiens laissent encore plus libre cours à leur tendance de lève et couche-tard. Cela m’étonne toujours de voir les petites familles déambuler et faire du shopping tout naturellement avec les petits…à 1h30 du matin. La journée, les plages sont elles aussi envahies tout le long de la corniche par une foule aussi dense dans l’eau que sur le sable et par une forêt de parasols, sponsorisés Coca-Cola ou cette année aux couleurs vertes d’« Etisalat », le nouveau opérateur de téléphonie mobile qui vient d’arriver sur le marché égyptien… Quant aux chauffeurs de taxi, ils sont plus irritables (ce qui se comprend dans une certaine mesure vu les embouteillages qu’ils doivent subir à cette saison), mais aussi plus chers et sacrément capricieux, et il faut alors attendre patiemment pour en trouver un ; premièrement, libre, deuxièmement qui accepte de vous prendre pour la destination annoncée...

Dans cette ambiance, la population semble effectivement avoir doublé (je n’ose imaginer qu’on puisse alors approcher des 8 millions ?) et pour les Alexandrins c’est toujours aussi étonnant de devoir subir cette transformation estivale tant la calme Alexandrie est vide en hiver, spécialement ces nuits de mauvais temps où nous semblons seuls nous aventurer à braver le vent pour le caprice de quelques bières…

11/07/2007

Le poil

Le poil, « l’ennemi public, celui qu’on torture au rasoir bic » chante Java…
En Egypte, le poil est également un ennemi public, surtout le poil qui s’aventure à pousser sur une quelconque partie du corps féminin (ils sont en revanche tout à fait respectés s’ils croissent et s’épanouissent sur le torse viril d’un Egyptien mâle). Ainsi le poil de la femme égyptienne est traqué, repéré et impitoyablement épilé par des professionnelles assidues qui utilisent les méthodes traditionnelles –mais qui ont fait leur preuve – de la cire à base de sucre et du fil. Le fil est utilisé sur le visage (moustache, sourcils, duvet) grâce à une technique assez impressionnante qui transforme n’importe quel fil de couture, enroulé et coincé entre les doigts et les dents de l’épileuse en un outil diablement efficace pour enserrer les poils du plus fin duvet et les arracher. Vous me direz, il n’est pas très bon non plus d’être poil en Europe, surtout en cette période estivale et à l’époque de la mode des torses d’éphèbes imberbes. Sauf qu’en Egypte, la femme se doit d’être véritablement sans poil et surtout avant de se marier, la jeune fiancée doit passer impérativement par l’épilation intégrale, y compris le pubis. Mais c’est également les jambes entières, les bras entiers, et même le dos ou toute autre partie velue qui y passe. Question d’hygiène paraît-il, moi je dirais plutôt de culture car je ne vois pas pourquoi cela serait moins hygiénique pour la femme que pour les hommes qui eux peuvent garder tous leurs poils.

La partie visible de cette pratique culturelle est l’avant-bras, la partie du corps la plus souvent découverte, encore que la proportion de filles voilées fait que cela n’est pas si fréquent. Au début, quand une amie ou une épileuse me posait innocemment la question de savoir pourquoi je ne m’épilais pas les bras, je m’offusquais, je me sentais sûre de mon bon droit, sûre de ma culture, pensant que c’est une idée vraiment stupide de s’épiler les avant-bras alors qu’ils sont plutôt fins et clairs. J’allais sûrement pas commencer pour leur faire plaisir, surtout que ça allait repousser plus foncé et que cela serait une entreprise complètement inutile étant donné que de retour en France je n’allais pas continuer.

Entre temps, je me suis habituée à la vue d’avant-bras mats et lisses (pour les rares qui sont donnés à voir), et mon acculturation aidant, je trouve cela de plus en plus séduisant...
Aujourd’hui quand un regard s’attarde sur mon avant-bras velu, je me sens gênée, et m’évertue à lui ôter de la vue ces poils réfractaires pour ne pas lire dans le regard du curieux une idée comme « beurk, ces occidentales, elles sont poilues et elles ne s’épilent pas », ou le même genre de stéréotype que nous nous pouvons avoir sur les allemandes ou les portugaises. Et quand on me demande pourquoi je m’épile les jambes et pas les avant-bras, je réponds évasive que c’est une question de culture, sans être très convaincue moi-même. L’idée a en effet commencé à s’insinuer insidieusement dans mon esprit que c’est effectivement étrange de s’épiler les jambes et pas les bras, et que finalement des bras sans poils et bien cela est assez esthétique. Pour l’instant je résiste, d’autant que le soleil de l’été les rend de plus en plus clairs mais je ne sais pour combien de temps. Quand vous me verrez avec les avant-bras épilés, cela sera le signe incontestable que je serai vraiment intégrée…

27/04/2007

Phare(s)

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Parfois des gens qui ne connaissent pas Alexandrie m’interrogent naïvement sur son Phare. Je réponds, un peu gênée de faire remarquer son ignorance à mon interlocuteur, que c’est un phare mythique justement parce qu’il n’existe plus, qu’il a été détruit il y a bien longtemps par des tremblements de terre…
Mais après tout… il y a bel et bien un phare à Alexandrie, je le vois toutes les nuits depuis la fenêtre de ma chambre, enfin plutôt sa lumière qui tournoie à intervalle régulier. Son faisceau de douce lumière, estompée par la distance, traverse ma chambre toutes les poignées de seconde. Quand je m’approche des volets entrouverts, j’ai parfois l’impression qu’il me fait un clin d’œil, comme si quelqu’un tout d’un coup pensait à moi et me faisait un petit signe. C’est que le port de marchandises est là tout proche, juste derrière le port de pêche et la mince bande de terre de la presqu’île d’Anfushi.
Et puis il y a aussi l’élégant petit phare miniature des jardins de Montaza, qui est là on dirait juste pour faire joli, pour démontrer aux promeneurs du parc qu’Alexandrie a bel et bien son phare… Le Pharos, le seul, le vrai, celui qui a fait la gloire d’Alexandrie, l’une des Sept Merveilles du Monde Antique avec sa statue de Poséidon (ou d’un autre dieu) et des tritons ailés, celui qui a donné son nom à tous les phares construits par la suite, gît au fond de l’eau, éparpillé en d’innombrables blocs de pierre énormes, au pied du fort de Qaït Bey… Jean-Yves Empereur –et d’autres– nourrit le projet de remonter la porte du Phare, dont les principaux éléments monumentaux ont été identifiés sous l’eau par son équipe d’archéologues, et de la reconstituer sur la presqu’île de Silsilah (en face de la Bibliotheca) pour que le public puisse venir l’admirer. Alors enfin, je pourrai répondre aux curieux ignorants que le monument phare d’Alexandrie est bel et bien debout.

15/04/2007

Rituels

Il y a des choses qui font tellement partie de mon quotidien égyptien qu’elles ne m’étonnent plus du tout… C’est Justine, la nouvelle stagiaire française qui me fait me remémorer que ces choses m’étonnaient moi aussi… au début. C’est surtout les rites religieux qui ponctuent tellement le quotidien, - même au travail, surtout au travail !- à tel point que l’on ne s’en rend même plus compte avec le temps. Ca commence par les récitations du Coran (enregistrées) qui retentissent dès le matin et traînent leur chant lancinant pendant une bonne demi-heure, écoutées par un voisin de bureau. Puis les prières collectives, sur un tapis de fortune (une sorte de chute de moquette grise) installé dans un coin à côté de la photocopieuse, où les hommes accomplissent à intervalle régulier leur devoir religieux, tout seul ou en groupe. Les filles elles, se mettent dans un autre couloir, plus étroit et retiré, et caché à la vue de tous (il serait indécent que les hommes les voient le cul en l’air quand elles se penchent en avant le front sur le sol pour prier). Et cela s’accompagne de tout un rituel, elles emmènent leur petit tapis de prière, leur « attirail » de prière pour les non-voilées, se prêtent leur tapis entre elles, viennent se chercher… Le plus gênant pour moi, c’est les ablutions qui ont le défaut d’encombrer sérieusement les toilettes féminines, pourvues seulement de 2 toilettes et d’un lavabo pour tout l’étage… Alors c’est l’embouteillage quand il y a la queue à l’heure de la prière ! Chacune se mouille plus ou moins soigneusement ou à la va-vite la tête, le nez, la bouche, les oreilles, les mains, les avant-bras et les pieds. Et là je dois reconnaître que certaines choses m’étonnent encore, même après les avoir vues des dizaines de fois, comme quand certaines (enfin la plupart) se mouillent très symboliquement les pieds, par-dessus leur chaussettes…