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18/01/2006

Entre filles

Je suis impressionnée par le degré d’intimité que j’ai atteint aujourd’hui avec des Egyptiennes, enfin bien sûr, pas n’importe lesquelles, avec mes deux petites collègues préférées. Aujourd’hui, on rigolait entre filles pendant une pause plus frivole que d’habitude, sans doute pour profiter de ce dernier jour d’absence du boss, et elles se sont charriées entre elles à propos des mecs ! Et cela sans aucune réserve ou pudeur « « musulmane » » (avec des doubles guillemets, car ce n’est pas vraiment une histoire de religion mais plutôt de société conservatrice et patriarcale), mais de façon directe au contraire, en faisant même allusion au voile que porte l’une et pas l’autre… Cela m’a quand même surpris d’entendre la question « do you sleep with him ? » dans la bouche de Radwa la voilée même si la réponse fut négative et si c’était bientôt corrigée par une inquiétude : tous les gens autour de nous comprennent aussi l’anglais ! La seule langue commune à nous trois tant que mon arabe et le français de Radwa n’auront pas fait de progrès fulgurants. Tout cela est parti d’un souci de Chaymaa : que j’aie l’occasion d’aller à un mariage égyptien avant de partir ! Elle a promis en rigolant de faire du mieux qu’elle pourra pour se marier avant que je parte. Si c’est pas une preuve d’amitié ça ! Il faut que je réserve prochainement une note spéciale à Chaymaa car depuis son arrivée, elle a changé ma vie à la Bibliotheca. Tout cela me rappelle quelques lignes que j’ai lues dans le Lonely Planet : « Lier connaissance avec une Egyptienne vous en apprendra beaucoup sur la vie locale, et vous permettra de vous faire guider par une personne entièrement sûre. Toutefois, ce type de rencontre reste rare – saisissez donc la moindre occasion de contact. »

14/01/2006

The ID

Ca y est j’ai mon badge !! ou my « ID » comme on dit ici, badge magnétisé et « haute technologie » avec photo de l’intéressée, logo de la Bibliotheca, et tous ses gadgets, comme le cordon intégré pour le traîner partout avec soi. Je suis comme une gosse avec, toute fière de sa nouvelle carte de grande. Et puis, je vais enfin pouvoir découvrir toutes les ressources de cette grande institution ! A moi, la salle de lecture ! A moi les expositions, le musée des Antiquités, le musée des Manuscrits ! A moi le planétarium, le Culturama ! Car oui, cela fait plus de deux mois que je travaille à la Bibliotheca et je ne connais pas vraiment sa partie publique et toutes ses attractions pour visiteurs. Les rares fois où je me suis introduite dans la salle de lecture ou que j’ai traversé le musée des Antiquités, c’était toujours en clandestine, toute stagiaire étrangère sans ID que j’étais. En même temps, cela va un peu me manquer cette vie de clandestine, car petit à petit on prend goût à ce petit jeu de piste : comment se faire ouvrir tous les matins par la sécurité à l’entrée, comment prendre un air sûr de soi et inflexible en disant « staff » quand un gardien se met en tête d’entraver notre chemin, comment ne pas se trouver coincée dans la salle de lecture par des portes verrouillées magnétiquement (une seule porte d’un étage précis n’est pas verrouillée, enseignement précieux hérité de ma prédécesseure, mais qui est, soit dit en passant, une faille béante dans leur souci maladif de la sécurité)… Bref, ça pimentait un peu mes allées et venues dans ce grand labyrinthe, mais qu'importe, maintenant I’ve got the power of the ID et j’ai hâte d’en faire usage…

07/01/2006

Malek

Autant je suis exaspérée par la filouterie de certains Egyptiens, roublards quand il s’agit d’arnaquer les touristes ou carrément vicieux avec les étrangères, autant je suis toujours surprise par l’extraordinaire amabilité, sans aucune arrière-pensée, d’une très grande partie d’entre eux. Deux attentions dans la même journée ont suffi pour m’en convaincre. Peu après mon retour des vacances de Noël, un « collègue » m’accoste devant l’ascenseur, en me disant que ça lui fait plaisir de me voir, que je leur ai manqué… J’en reste bouche bée car sa tête ne me dit rien et même si l’on travaille au même étage, je suis à peu près certaine de ne jamais lui avoir adressé la parole. Puis il enchaîne sur sa fatigue, c’est que sa femme dit-il, a accouché la nuit il y a deux jours. Je le félicite et m’enquiert du sexe et du prénom de l’heureux événement. C’est un garçon nommé Malek. Bienvenue Malek. Et le nom de l’heureux papa au fait ? Histoire de ne plus ignorer ces inconnus à qui je manque sans le savoir… Trop tard, il est déjà descendu de l’ascenseur. Le soir, chez le marchand de légumes, l’adolescent qui sert ce soir-là m’offre un citron car mes yeux rougis lui ont mis dans l’idée que j’avais un rhume. En réalité, il ignore que ce n’est qu’une journée d’ordinateur, mais il est si appliqué à m’expliquer comment je devrai le couper et profiter des bienfaits de son jus et de sa pulpe que je n’ose le contrarier. En plus, il y met si bien les gestes que je comprends tout, je n’ai plus qu’à le remercier chaudement et à suivre ses recommandations expertes pour ingurgiter une bonne dose de vitamine C.