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02/05/2006

"Civilisation"

Régulièrement, j’ai le droit de la part de Chaymaa à un « cours de civilisation égyptienne » comme elle dit. J’ai beau commencé à m’habituer aux règles sociales et religieuses locales, il n’en reste pas moins que de temps en temps, j’ai besoin d’une piqûre de rappel tellement certaines choses paraissent exagérément puritaines. En particulier, j’ai eu du mal à comprendre pourquoi je ne pouvais pas inviter à la maison notre ami Ismail (autrement appelé « Monsieur I » quand on veut parler de lui à son insu), ami proche de Chaymaa et accessoirement notre collègue. C’est que dans l’opinion commune, des filles et des garçons ensemble dans un appart fermé à l’abri des regards, sans la famille pour surveiller, veut automatiquement dire qu’il s’y passe des choses inavouables. Les jeunes un minimum sérieux et religieux proscrivent donc toute situation de ce type. Cela m’est resté longtemps mystérieux et je ne pouvais m’empêcher de commenter à Chaymaa : Mais enfin quand même, Monsieur I est un grand garçon ! Il a fait des études ! Et puis s’il venait, il se rendrait compte qu’il ne se passe rien d’extraordinaire, on se contente de boire un thé, de discuter, de dîner ensemble, bref, rien à voir avec une partouze généralisée ! Chaymaa elle, brave cet interdit, c’est que dit-elle, elle n’est pas si religieuse, et puis avec les étrangers c’est pas pareil. Mais à l’occasion, elle s’est quand même souciée de savoir si cela n’était pas interdit par la religion de rester en compagnie de gens qui boivent de l’alcool, même si elle-même n’en buvait pas. Et puis, il y a ce foutu couvre-feu pour les filles, le sien plafonne à 21h30 (un peu dur à 23 ans !), pas vraiment le temps de s’encanailler !
Bien sûr, tout cela vient de leur obsession pour la virginité des jeunes filles et du tabou des relations sexuelles. Cependant, j’ai maintenant compris que ce n’est pas vraiment qu’on pense qu’il se passe automatiquement quelque chose de mal, mais rien que le fait que cela pourrait se passer – parce qu’il n’y aurait pas de témoin pour certifier le contraire contrairement aux lieux publics ou à la maison familiale– suffit pour jeter l’opprobre. Se mettre simplement dans cette situation suffit à autoriser les gens à médire car rien que la potentialité d’un acte immoral est suffisant pour détruire la réputation de quelqu’un. En conséquence, la plupart du temps, les jeunes des familles égyptiennes moyennes suivent bien sagement les règles : pour une fille, on voit ses amis garçons seulement dans les lieux publics, et en groupe s’il vous plaît ! En tête à tête, c’est plus gênant et ça veut dire qu’il se trame quelque chose. Bien sûr, il y a beaucoup de gens plus ouverts, mais ils appartiennent souvent aux classes supérieures ou bien au milieu intellectuel et artistique. Il est vrai que ce sont ceux que les étrangers ici rencontrent en priorité étant donné leur ouverture, mais ils ne sont pas vraiment représentatifs, la preuve, mes proches collègues de la Bibliotheca, de classe moyenne, voire moyenne-supérieure, qui ont fait des études, ont une bonne situation, à l’occasion voyagent à l’étranger, sont imprégnés de ces règles et de cette culture.
Bref, compte-tenu du contexte, je pardonne à Monsieur I, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce grand garçon sage est vraiment trop sérieux…

Commentaires

Après avoir fait un petit tour en Egypte, y a pas à dire: je comprends mieux!! N'empêche c'est moche de voir des jeunes avoir peur d'une ombre!

Écrit par : isabelle | 10/05/2006

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